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David Guetta : Je ne peux pas être plus heureux que ça !


Un après-midi d’été accablant de chaleur et de moiteur comme on n’en fait plus, sous la couche de pollution parisienne (comme si ça ne suffisait pas !)

Me voila courant, suffoquant, transpirant, mais me dirigeant d’un pas décidé, vers la Suite, restaurant immaculé où m’attend celui qui, non content de faire bouger les dance-floors en tant que dj depuis une quinzaine d’années, a squatté les premières places des charts il y a deux ans avec l’album Just A Little More Love, et s’apprête à remettre ça de plus belle avec Guetta Blaster. Cet album nous offre notamment des morceaux énergiques conçus autour de riffs endiablés de guitares électriques. Voici David Guetta himself (surbooké mais himself) qui m’accueille en toute simplicité…

Tof : Hello David, tu sembles avoir un emploi du temps de dingue, je me trompe ?

David Guetta : Ben écoute c’est vrai qu’entre la promo du nouvel album, les voyages et les mixes un peu partout dans le monde, plus le studio, mes journées sont très remplies !

Tof : L’album précédent s’est vendu à 250 000 exemplaires, est-ce que tu t’attendais à un tel triomphe ?

David Guetta : Et bien pas du tout ! Quand j’ai signé avec Virgin pour l’album, ils avaient tablé sur un objectif de 40 000 exemplaires vendus. Quand j’ai vu la feuille sur le bureau, je n’y croyais pas . ce chiffre me paraissait déjà excessif !

Tof : Dans quel état d’esprit tu as attaqué le second album Guetta Blaster ?

David Guetta : Tout à fait de la même façon. On s’est retrouvé entre potes avec l’envie de s’amuser, sans se mettre la pression.

Tof : Cet album est plus que jamais influencé par les années 80, avec une voix hallucinante qui fait fortement penser à celle de Dépêche Mode, pourquoi ne pas avoir contacté directement Dave Gahan ?

David Guetta : Oui c’est vrai que l’influence des années 80, c’est un peu ma particularité. Guetta Blaster prend une direction plus pop cependant.
La voix de JD Davis est vraiment incroyable, c’est pratiquement celle de Dave Gahan. Bien sûr on a pensé à contacter l’ « original ». On voulait même contacter Annie Lennox pour la chanson Time, car c’est un morceau qui fait beaucoup penser à Eurythmics. Et puis je me suis dit que c’était mieux que ça soit plus comme un hommage, plutôt que réalisé avec les sons de l’époque, les voix de l’époque, etc … Ca aurait donné un aspect mélancolique au projet. Hors je ne fais pas de la musique du passé. En fait, j’ai voulu chopper cette vague des années 80, tout en y amenant une touche d’Aujourd’hui et en le produisant pour que ça sonne comme Demain.

Tof : Comment s’est passé le travail avec les Stereo Mc’s ?

David Guetta : En fait ça s’est fait par hasard parce qu’on a le même manager en Angleterre. Ils ont entendu l’album mais on ne s’est pas rencontrés. Tout s’est fait via le net. C’est magique !
Les autres artistes qui ont participé à l’album ont eux chanté en studio. Cela dit, avec Chris Willis, qui avaient déjà posé sa voix sur des titres de Just A Little More Love il nous est arrivé de terminer des morceaux à distance, alors qu’il était à New-York et moi à Paris. J’apprécie assez le confort qu’offrent les nouvelles technologies.

Tof : Tu es une figure emblématique du monde de la nuit . Comment tu décrirais l’évolution de la vie nocturne ? Par exemple es-tu nostalgique des années 80 ?

David Guetta : Ce qui est marrant c’est que tant dans la mode, que dans la musique ou dans le clubbing, je trouve qu’on rejoint un peu ce qu’étaient les années 80. Je ne suis pas du tout quelqu’un de nostalgique, mais c’est vrai qu’il y a eu un moment un peu magique où tout se mélangeait. J’ai essayé de faire tout ce que je pouvais pour le développer. On l’a connu dans des endroits comme le Palace, le Queen, le Bataclan, les Bains. Aujourd’hui on y revient un peu avec des grands clubs pour de gros évènements, qui cotoient des clubs plus petits avec une musique moins forte, dans lesquels ont va plutôt pour rencontrer des gens. Mais il n’ y a plus un endroit unique où tout cela est concentré en même temps, aussi bien le côté social, que musical, et bien sûr le mélange des genres. Il y a le Pacha d’Ibiza qui correspond bien, alliant en même temps l’aspect glamour et la folie et l’énergie des dance floor . L’évolution du clubbing est une suite de modes . A un moment par exemple, il y avait une telle énergie dans la communauté gay que c’était la mode chez les hétéros d’y aller pour faire la fête. Aujourd’hui, on ne peut plus vraiment dire que c’est encore le cas.

Tof : Tu participes régulièrement aux Marches des Fiertés, c’est un évènement qui te tient particulièrement à coeur ?

David Guetta : Oui, pour moi c’est complètement naturel parce que je dois beaucoup au milieu gay dans lequel j’ai commencé. Malgré que je sois hétéro, le monde gay fait vraiment partie de ma culture. Et puis tout le monde sait que la House Music est née dans les clubs gay. Enfin d’une manière générale il faut bien dire que dès qu’il y a moyen de faire une grosse fête je ne suis pas le dernier à répondre présent!

Tof : Comment as-tu été impliqué dans la Bande Originale du film People ?
David Guetta : En fait, Fabien Onteniente avait demandé à Cathy de l’aider pour le tournage à Ibiza, d’être sa consultante, afin que le film soit le plus crédible possible. Du coup on en a profité pour l’inviter à la fermeture du Space. Ce soir là je mixais avec Carl Cox et Eric Morillo. L’expérience a été une grosse grosse claque pour Fabien, qui a adoré. Je crois qu’il a été carrément épaté. De fil en aiguille, il m’a demandé de faire la musique du film.

Tof : Un film dans lequel tu apparais, mais pas en tant que comédien. Est-ce que ce monde t’attire, ou du moins le monde de l’image, en tant que réalisateur par exemple ?

Non vraiment la comédie ne m’intéresse pas. Le monde de l’image m’intéresse et je ne demande qu’à apprendre, mais, même si je participe activement à la réalisation de mes clips, je ne peux pas dire que j’ai une très grande maîtrise de l’image

Tof : En ce moment, est-ce que tu penses déjà au 3ème album ?
David Guetta : Je n’ai pas de planning pré-établi, concernant la réalisation de mes albums. En fait je pense continuellement à plein de nouveaux morceaux. Ca n’arrête pas . En plus comme je joue tout le temps, ça m’inspire pour de nouveaux morceaux.

Tof : Tu es papa depuis peu. Est-ce que ça va te faire ralentir ton rythme de folie ?

David Guetta : Ecoute pour le moment non ce n’est pas prévu. En fait, si j’ai attendu longtemps pour avoir un enfant c’est que je voulais le faire au moment opportun, sans que ça change ma vie, en étant suffisamment organisé pour que ce soit un bonheur en plus et pas une frustration.

Tof : Lorsque tu as commencé à faire le dj est-ce que tu t’imaginais que le statut de ce métier allait évoluer vers le statut actuel de véritable « Pop Star » ?

David Guetta : Jamais de la vie ! Impossible d’imaginer ça à mes débuts! Pour la petite histoire, quand j’étais dj au Palace, je mixais dans la cave, avec juste une petite grille à auteur des yeux, par laquelle on pouvait voir les pieds des gens qui dansaient. Plus tard, aux Bains, j’étais dans une pièce fermée où on ne voyait pas du tout la piste de danse, il fallait sortir pour vérifier l’ambiance. Ca te donne une petite idée de la façon dont était considéré le dj. Heureusement, les choses ont évolué de façon surprenante et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre !

Tof : Avec qui aimerais-tu encore collaborer ?

David Guetta : Il y en a plein, mais tu sais c’est surtout une histoire de feeling. Ce n’est pas tellement lié à la célébrité des gens. Avec Chris Willis et Joachim Garraud, on a un feeling incroyable quand on est tous les trois, et ça nous inspire vachement. Bien sûr, il y a plein de gens qui me font rêver, mais peut-être que quand je serai confronté à eux je n’aurai pas la même inspiration et je resterai là comme un con. Finalement le travail en studio est assez un truc d’égoïste.

Tof : Chacune des sorties de tes disques, est fortement médiatisée . Est-ce que tu ne penses pas qu’il y a un stade à ne pas dépasser pour ne pas lasser les gens ?

David Guetta : Tu sais aujourd’hui on n’a pas tellement le choix. Soit tu fais du underground pur, chose que je fais aussi quelquefois. Soit tu décides de signer dans une major, pour partager avec le plus grand nombre et donc vendre des disques. A partir de là, tu es obligé de communiquer. Après il y a des émissions que je ne supporte pas et que je refuse.
A la base la House, la Dance et l’Electro ne sont pas des musiques très favorisées par les radios. Il faut donc faire du forcing pour les imposer et qu’elles soient enfin représentées dignement. C’est nécessaire pour que ces musiques évoluent et qu’elles deviennent populaires.

Tof : Et que t’inspire la crise de l’industrie du disque en ce moment ?

David Guetta : Tu sais moi je fais de la musique avant tout pour m’éclater. Ca paraît bizarre et certains seront surpris, mais si demain je ne vends plus aucun disque, je continuerai à faire de la musique, quitte par exemple à la diffuser sur le net. J’aime cette musique et j’ai envie de la partager avec le plus grand nombre, c’est avant tout pour ça que je veux la médiatiser, pas parce que je veux vendre. En ce sens je trouve qu’Internet est génial, pratique et extraordinaire. Il faut juste que les choses soient mieux mises en place avec un service de qualité, pour que l’industrie de la musique vive. En Amérique on commence à voir des solutions intéressantes et ça marche très bien. C’est sûr que ce qui se passe pour le moment n’est pas rose : il y a tout de même 40 % des artistes à qui on a rendu les contrats. C’est attristant de voir qu’il n’y a plus vraiment de développements d’artistes aussi. Mais je vois ça juste comme une période charnière.

Tof : Quels sont tes projets ?

David Guetta : Pour le moment c’est déjà pas mal avec toute la promo de l’album, je suis overbooké ! Sinon je suis heureux tant que je peux m’éclater à faire de la musique, à tourner dans le monde comme je le fais en ce moment et que ça plaît aux gens . Je ne peux pas être plus heureux que ça ! Sinon en tant qu’organisateur, il y a une grosse hype sur une éventuelle reprise de la Scream, mais rien de concret pour le moment.

Tof : Merci de m’avoir consacré une partie de ton temps précieux !

Et bien sûr, l‘album Guetta Blaster est disponible dans notre boutique… Indispensable !

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