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Martin Rappeneau : l'amour, c'est le vrai désir suprême !

Me voici embarqué vers un nouveau voyage, une nouvelle rencontre d'un autre type ... Pendant le trajet en métro, je constate qu'à chaque interview c'est le même sentiment qui revient : Une espèce d'excitation mêlée de trac. Après tout finalement, qu'y a -t-il de naturel lorsque deux personnes qui ne se connaissent ni d'Eve ni d'Adam, s'installent l'une devant l'autre pendant 30 minutes, et doivent converser de musique, phénomène si abstrait et mystérieux ? Allez on arrête un peu de divaguer ... Direction les locaux d'Universal, ou je m'apprête à attendre ce chanteur débonnaire à l'oeil malicieux, prenant place sur le canapé disposé à l'entrée. Finalement je ne m'installe pas très longtemps voyant notre homme arriver d'un pas décidé, avec un cameraman, et la responsable de la promo web. C'est un Martin Rappeneau tout sourire qui vient à ma rencontre pour me serrer la main, et nous nous engouffrer tous les quatre dans l'ascenseur, dans une atmosphère de camaraderie ponctuée par les plaisanteries du cameraman et de Martin lui-même. Nous prenons vite place dans une salle vide et commençons une enterview toute en simplicité et générosité ... Tof : Salut Martin, merci de me recevoir ! 3 ans déjà séparent ce nouvel album du précédent. Pourquoi 3 ans ? As-tu vécu un moment de doute ou ressenti de la pression ? Martin Rappeneau : La pression justement non, parce que sinon j'aurais sûrement fait plus vite ! [Rire] Le temps qu'un album sorte ça prend déjà un an, ensuite il y a un an pour le réfléchir et l'écrire et un an pour le faire. Moi, je suis plutôt quelqu'un qui aime avoir le luxe de prendre son temps. A un moment j'avais une blague avec mon réalisateur d'album: je disais que j'avais peut-être la laurent voulzyte ! [Rire] En fait, je compose pas mal de mélodies mais je prends ensuite beaucoup de temps pour étayer mon travail ... J'imagine que j'ai besoin de ce temps pour les assimiler, les faire miennes, que je comprenne de quoi mes musiques parlent. Chez moi celles-ci précèdent souvent les textes d'ailleurs. Bref, tout ça prend tout de même quelques longs mois! Le doute, il est toujours là et il le sera jusqu'à la fin, mais pour moi ce n'est pas non plus un blocage, juste le souci de bien faire. Tof : Vu ce que devient l'industrie musicale est-ce que ça ne donne pas un petit frein supplémentaire ? Martin Rappeneau : Non pas pour moi. Est-ce que je vais être le dernier des mohicans ou pas ? Disons que j'essaie encore de concevoir, peu importe ce qui se passe avec la crise du disque... En même temps depuis L'Age d'Or je n'ai pas chômé puisque j'ai fait les B.O. des films d'Olivier Barroux (de Kad et Olivier) "Ce soir je dors chez toi" et puis "Safari" qui sort le 1er Avril ... Ca a donc été à la fois une récréation et une façon de gagner ma vie, tout en pensant à mon propre album. Par ailleurs j'essais d'appréhender un album un peu comme on le faisait avant, c'est à dire sans penser spécialement à internet, à quoi faire autour du projet, au duo pour la télé par exemple... En fait je pense mes chansons avec une espèce de dramaturgie musicale à l'intérieur. Et puis je conçois vraiment tout ça comme un disque vinyle, qu'on va écouter avec la face A d'abord et la face B ensuite, pas comme des morceaux éparpillés n'importe comment sur le net. Malgré la crise, j'essaie quand même encore de faire mon boulot d'artisan. Parmi mes idoles il y a les songwritters californiens des années 70. Leurs sublimes albums ils les enregistraient dans une ferme avec leurs amis et ils mettaient beaucoup de temps à les écrire. Voilà, moi je suis avec mon piano, je ne me stresse pas, même si je m'angoisse parfois [Rires], et advienne que pourra ! Tof : Comment s'est passé exactement la naissance de ce nouvel album ? Martin Rappeneau : A l'exception du mixage à New-York on a tout réalisé à Paris. Je voulais absolument "resserrer le propos". Pour l'Age d'Or nous étions partis à Londres, avec Jean-Claude Petit nous avions ajouté 35 musiciens de cordes, ce qui donnait une espèce d'ampleur. Moi j'adore ce disque, mais là je voulais resserrer le propos à la fois en ce qui concerne les textes, à la fois musicalement, sans pour autant en venir à la configuration piano-voix, et même quasiment dans la pochette. Pour la première fois on zoome plus sur moi, et on voit mes yeux ! [Rires]. Tof : On sent effectivement que tout est plus recentré sur toi, au niveau des textes ... Martin Rappeneau : Oui oui, tout à fait ! Et ça correspond vraiment à une volonté de se dévoiler, d'ailleurs ce n'est pas un hasard si le premier single s'appelle "Sans Armure". Sur le premier album je parlais pas mal des amours perdues, sur le deuxième j'essayais de savoir comment on se débrouille avec les douleurs du passé, celui-là est quand même plus tourné vers l'avenir, sur moi et sur l'envie d'aimer, les problèmes que ça suppose, les doutes, l'amour. Quelque chose de moins sombre et moins axé sur la séparation "tu pars je reste" ... Tof : C'était un peu audacieux de sortir "Sans Armure" en premier single non ? L'expression peut donner lieu à des malentendus ... Martin Rappeneau : C'est vrai qu'on peut le comprendre par "Sans préservatif", ce qui n'est évidemment pas le cas ! Quand on a écrit le texte avec Caroline, il y avait cette double lecture, mais en même temps il n'y avait pas beaucoup d'autres expressions pour dire : "Il ne faut pas avoir peur de prendre des coups en amour", parce que c'est ça qui fait le plus peur aujourd'hui. Moi je vois bien à Paris parmi mes amis le nombre de célibataires qu'il y a... Les gens restent seuls juste de peur que ça leur enlève ce qu'ils se sont construits. Mais en même temps ce qu'il y a de sublime dans l'amour, c'est ça : à la fois l'échange à deux, le fait de construire, et le coté infernal de ce qu'on peut se prendre dans la figure et souffrir au jour le jour. C'est quand même 0avant tout le fait d'avancer à deux. Après, pour le petit malentendu, on peut aussi toujours se dire qu'une fois qu'on aime et qu'on est sûr de trouver la bonne personne, une fois qu'on a fait le test, alors seulement on peut envisager de se passer de préservatif. Tof : Le clip a-t-il déjà été tourné ou pas ? Martin Rappeneau : Non pas encore. Aujourd'hui vu la crise, on attend de voir comment le disque va tourner en radio, avant d'envisager le tournage du clip. Je pense qu'on va y faire intervenir quelque chose d'assez sensuel. J'imagine assez une fête, avec des gens autour de 30 ans, et au fur et à mesure que le clip avance, ils se lachent davantage ... Tof : Outre le fait que je trouve cet album plus sombre et plus nostalgique que le précédent, l'idée de "se lacher" y revient assez souvent ... Martin Rappeneau : Tu sais je suis quelqu'un d'assez mélancolique. J'essaie de m'en empêcher mais je me retourne souvent vers le passé, avec des regrets. Je pose parfois comme un petit poucet des pierres sur chacune des étapes de ma vie, et puis je m'arrête quelquefois pour me dire "où est mon chemin?" "où est-ce que j'étais, où est-ce que je vais ?". Parfois ça me fait avancer, parfois ça me fait reculer. Il y a dans les textes je pense, cette musicalité un peu plus recentrée, un peu plus épurée, quelque chose d'un peu plus "bleu", pas triste mais "bleu" . Oui oui c'est du spleen [Sourire] Ensuite j'essaie toujours de mettre un peu de soleil dans les mélodies. Tof : Pourquoi 1800 désirs? Martin Rappeneau : [Grand Sourire] Alors moi je suis quelqu'un de trés ambitieux et de très égocentrique donc je ne veux pas faire comme tout le monde et dire "mille et un". J'ai choisi "mon" chiffre qui est 1800. Mais en fait c'est plutôt la phrase entière de la chanson qui est intéressante : "J'ai 1800 désirs qui trainent" . Il y a à la fois ce grand moteur qui est le désir, l'ambition de l'âme, mais en même temps ces désirs sont là sans qu'on sache très bien quoi en faire. C'est aussi l'idée qu'on vit dans un pays où tout est possible si on s'en donne les moyens ou si on sait saisir les opportunités, voire si on travaille plus pour gagner plus [Rires] On pense que tout est possible et en même temps on a l'impression que rien ne bouge et qu'on est de plus en plus sclérosés. Sur l'album L'âge d'Or je demandais si c'était mieux avant, et je pense que vraiment j'ai la réponse : C'est Oui ! [Sourire] 1800 désirs c'est aussi l'idée que tant de désirs peuvent cacher le seul qui puisse vraiment valoir le coup, c'est-à-dire l'Amour, le vrai désir suprême ... Tof : Comment se fait-il que tu aimes à ce point t'entourer de femmes pour travailler sur tes albums. Elles t'aident à faire ressortir ta féminité ? Martin Rappeneau : Oui c'est drôle je les appelle d'ailleurs mes sages-femmes. Il faut dire que je bosse aussi avec un mec qui s'appelle Benjamin et qui va donc être très content que je l'appelle comme ça [Sourire]. Depuis le tout premier album j'essaie d'avoir ces collaborations féminines parce que comme je parle d'amour je tiens à avoir un point de vue de femmes, de manière à ce que, quand ça se présente, elles me disent : "Non là attention tu es bidon !" De même quand je vois que j'arrive à les toucher, ça me rassure. J'ai besoin d'être en confiance pour que les mots sortent. Quand je suis encouragé par mes collaboratrices ça me fait du bien parce que j'ai l'impression d'être dans le vrai ... Il y a aussi beaucoup de femmes dans mon public donc ça prouve peut-être que ça marche [Sourire] Tof : Je suis moi-même allé te voir en concert au Bataclan et je trouve qu'il y a vraiment 2 Martin Rappeneau, celui de la scène et celui qu'on entend sur CD ... Je pense à ton coté showman et humoristique par exemple. Est-ce que tu penses bientôt montrer tout ça via un DVD ? Martin Rappeneau : On avait filmé un concert à la Cigale au moment du premier album, et ça ne m'avait pas du tout plu. Je comprends vraiment Valérie Lemercier quand elle dit qu'elle ne veut pas filmer ses spectacles ... Au final je suis toujours surpris et je me dis "mais c'était génial, alors pourquoi c'est si pourri à l'image ?" Je n'ai pas toujours confiance dans les concerts filmés donc j'attends d'avoir la vraie formule qui me plaît pour me lancer là-dedans. Je pense que ça se fera vraisemblablement sur cette nouvelle tournée parce qu'on va jouer en formule piano-quatuor ... Ce qui va se passer, c'est que je serai avec un quatuor de cordes et que dans chaque ville de province dans laquelle on va s'arreter, je jouerai avec le quatuor de la ville, rencontré le matin même. Il est très probable qu'on mette assez rapidement sur le web des versions bien enregistrées des chansons qui nous plaisent du concert parisien du 2 Mars. Pour en revenir à ta question sur ma facette comique sur scène, en fait ça me paraît extrêmement logique. Comme je ne suis pas fan des chansons rigolotes, mais que par contre j'espère avoir de l'humour dans la vie, je ne peux que le montrer sur scène entre les chansons, parce qu'il faut bien que je relache la pression entre chaque chanson et que je me découvre, pour ensuite me replonger dans la musique, quelque chose avec un peu plus de spleen et de mélancolie. Ce sont mes deux facettes qui se rencontrent et c'est normal. Je me souviens d'avoir vu Michel Jonasz sur scène quand j'étais ado, et le mec est tout simplement tordant ! Il chante des trucs très tristes, hyper plaintifs, poignants, déchirant, et puis après c'est la grosse déconne ... Tof : Mais dis-moi, je suppose que ce n'est pas avec un quatuor et un piano qu'on aura droit à une reprise inattendue de NTM, comme tu l'avais fait au Bataclan ? Martin Rappeneau : Et bien justement, détrompe-toi peut-être ! [Rires] Tof : Cette reprise, tu l'avais faite juste pour déconner ou il y avait un message derrière, comme pour casser l'image du mec qui vient plutôt de Neuilly ? Martin Rappeneau : D'abord je suis né à Neuilly certes, mais je suis surtout parisien. Même en étant parisien on vit pas à Montecarlo non plus, enfin c'est vraiment n'importe quoi ... Ma reprise de NTM, c'était pas pour me moquer du rap mais juste histoire de "craquer son slip" [Rire] C'était juste un "lacher prise", une manière de faire un truc impromptu tout en en faisant un titre pop ... Voilà c'était pas non plus pour essayer de me "racailliser". Quand je fais une reprise je trouve que c'est quand même plus marrant de choisir un titre bien éloigné de mon style habituel. Si je reprenais Michel Berger ce serait un poil trop simple sur scène [Rire] Tof : On sent que tu es amoureux de la langue française, et en même temps tu as aussi des tas d'influences anglo-saxonnes. Tu as déjà pensé à chanter en anglais ou même une autre langue ou ça ne se fera jamais ? Martin Rappeneau : Si, ça se fera peut-être. Au début j'ai été très rétiscent à l'idée de chanter en anglais. Je veux toujours chanter en français parce que c'est vraiment grâce à cette langue que j'arrive à exprimer mes émotions. J'ai l'impression qu'en anglais je n'arriverais pas à comprendre exactement ce que je chante et à pouvoir le manier musicalement comme j'en aurais envie. En même temps j'aime tellement la chanson anglaise que je me demande si ça ne vaudrait pas le coup de trouver le moyen de faire une collaboration. Il y a un artiste qui s'appelle Julian Velard [Rire - Hâââ, encore un Julien enfoiré !], un chanteur anglais qui a fait ma première partie à Paris. Il est très pop, et je me dis que vu que ça se passe très bien sur scène avec lui, pourquoi pas faire quelque chose, mais pour l'instant c'est très hypothétique ... Mais c'est vrai que comme le dit la chanson "A l'Ouest" dans l'album, je suis souvent embarqué par la musique californienne. Tof : La chanson "Elle disait, elle disait" sonne presque comme un titre Country ... Martin Rappeneau : Oui, oui, j'adore la folk et la country. Je suis un grand fan des songwritters comme James Taylor, Carol King, et Jackson Brown, pas très connu en France mais incroyable quand même. D'ailleurs il y a plus de guitare sèche dans cet album. Aujourd'hui on assiste à un vrai retour de la folk, avec Rose, Cocoon, Bensé. Mais bon moi, même si je sais jouer de la guitare, je reste quand même très pianiste, alors ... Tof : Les mélodies arrivent tout de suite sur le piano ...? Martin Rappeneau : Oui c'est très étrange, je ne sais pas l'expliquer. Il y a un truc qui "tombe" sur soi, comme la pluie. Ce qui est fou c'est que tout est là jusque dans la structure. C'est très mystérieux. Il ya quelque chose de très mystique dans le fait de faire des chansons, et là où c'est encore plus impressionnant c'est quand le texte rentre dans la chanson ... Tof : Comment se sont passées les rencontres avec les personnes qui ont travaillé avec toi sur cet album, notamment Jean-Loup Dabadie ... Martin Rappeneau : Et bien j'ai encore la chance d'être très très libre donc c'est vraiment moi qui ai pris l'initiative des rencontres. Jean-Loup, je le connais depuis mes 19 ans. A l'époque je lui avais fait écouter "Les Figures imposées". Il m'avait encouragé et pour le coup m'avait dit "vraiment il ne faut pas que tu te laches parce qu'il y a là quelque chose de très fort" . Je me suis souvenu de ça mais sans me dire forcément que j'allais bosser avec lui. C'est donc maintenant que je franchis le pas. Je lui ai proposé la mélodie de "Pas ce regard là". Notre collaboration a été super parce qu'elle n'était pas du tout bâtie sur un rapport de maître à élève. Il est assez marrant en fait. D'ailleurs il a écrit beaucoup de sketchs pour Guy Bedos.

Tof : Tout l'album parle d'amour, sauf "Ce n'était pas moi" qui traite plutôt du fait que tu ne veux pas parler des malheurs du monde. Est- ce que ça veut dire que pour toi un artiste ne doit pas s'engager ?

Martin Rappeneau : Et bien en tant qu'homme c'est sûr que je m'engage! J'ai toujours une certaine pudeur et un certain doute sur le coté efficace de l'engagement de l'artiste. Je suis toujours assez troublé quand on mélange la promo et l'engagement et en même temps il faut bien que quelques-uns le fassent ... J'essaie de croire encore aux politiques même si ... [Rire] Je me dis quand même qu'avec tout ce que Marvin Gaye a pu chanter, il n'a pas pu éviter les inégalités qui se passent encore entre les noirs et les blancs partout dans le monde, et c'est pas grâce à Marvin Gaye, qu'Obama aujourd'hui est président ... En tout cas je ne crois pas . C'est juste parce que les mentalités changent, que d'autres personnes s'engagent et que d'autres choses se passent ... La chanson parle surtout du sentiment d'être humain, d'être derrière sa fenêtre ou devant sa télé surtout, de voir une horreur, un truc épouvantable. Par exemple tu vois des gens qui meurrent noyés en essayant de quitter leur pays parce qu'ils pensent qu'il y a de l'espoir ailleurs, tu es ému pendant deux minutes, tu éteins ta télé et tu demandes "au fait à quelle heure on avait rendez-vous pour diner déjà ?" L'humanisme a ses limites ... Tu es dans ta propre vie, dans ta propre cage, dans ton propre élément et tu ne veux pas savoir ce que c'est que d'être sur une pirogue, partir à minuit pour rejoindre la terre avec le risque de te noyer avec ton enfant dans les bras. Ce sont des choses que tu ne peux pas comprendre. Tu peux juste être ému. C'est ça le thème de la chanson, qui dit: "Même si ça me brûle, ce n'était pas moi", c'est une espèce de constat d'honnêteté. Essayer de ne pas mentir ... Il y a une belle publicité de Médecins sans frontières je crois, qui dit : "Agir c'est humain, oublier aussi" ou l'inverse. Bon on est d'accord c'est de la pub, mais je trouve que c'est assez malin parce que c'est très vrai. Penser qu'on peut aider tout le monde est une erreur fatale. On se plante ! C'est bien beau par exemple de vouloir aider le peuple tibétain, mais est ce qu'on connaît vraiment le sujet? Il faut arrêter de vouloir toujours aider ceux qui souffrent sans vraiment connaître leur histoire ... On ne sait pas ! Pour conclure sur ce sujet qui me tient beaucoup à coeur, à mon avis le vrai truc à faire dans ce cas là, c'est de dédier sa vie à son engagement...

Tof : Ok ça c'est fait ! [Rires] Maintenant parle-moi un peu de la chanson "Julie & Sarah", c'est l'histoire d'une amitié ou d'amours lesbiennes? C'est assez ambigü non ?

Martin Rappeneau : C'est à la fois ambigü et à la fois une vraie histoire d'amitié. Ca fait référence à des filles que j'ai connues. Tu vois il y a souvent un moment dans l'adolescence pendant lequel il peut y avoir quelque chose de tellement fusionnel entre deux amies que ce n'est pas loin de l'amour entre filles. C'est ambigü parce qu'il y a peut-être quelque chose de plus charnel entre des adolescentes qu'entre deux garçons, deux copines qui pensent qu'elles ne vont jamais se séparer et finalement il y en a une qui va tomber amoureuse d'un mec avant l'autre et donc elles vont sans doute se séparer et ne plus être amies. Et tout ça malgré la fusion qui les unit, comme deux maîtresses ! En même temps ça parle de l'amour et l'amitié mélangé mais pas forcément d'un amour lesbien, plutôt de l'ambiguité de cette période de l'adolescence, ce coté un peu "Virgin Suicide" .

Tof : Penses-tu qu'aujourd'hui en tant qu'artiste il vaut mieux toujours s'accrocher aux maisons de disques, ou que celles-ci ne sont plus si indispensables que ça ?

Martin Rappeneau : Tout est en train de changer et pour le coup on est en plein dans une période délicate. Je suis assez embêté de ça parce que j'aimais bien ce métier comme il était avant, même si je ne l'ai pas connu. J'aimais bien l'idée d'acheter un album lorsque celui-ci plait. C'est un système assez juste parce qu'au moins on savait si les gens nous aimaient ou pas, ce qui n'est plus aussi évident aujourd'hui. Je pense que d'ici deux ans le rôle des maisons de disques ne va plus du tout être le même. Je ne peux pas complètement dire avec une analyse précise, à quelle sauce je vais personnellement être mangé. Pour l'instant on a essayé de faire un bon disque. On a pu aller le mixer à New-York avec le mixeur de Coldplay. On a pu faire bien les choses, avec une vraie pochette de disque faite par un vrai photographe. Je veux dire qu'on en n' est pas encore à travailler avec des bouts de ficelles, quoi ... On a quand même encore des moyens artistiques! Pour ce qui est de vendre un disque, c'est une autre paire de manches. Les maisons de disques ne savent plus comment s'y prendre. Ca résulte d' une suite d'événements: la radio passe de moins en moins de titres, le web rend certaines choses possibles, il n'y a plus vraiment d'émissions de variétés à la télévision ... Les concerts se remplissent aussi peut-être moins aussi, à cause de la crise et puis parce qu'il y en a sans doute beaucoup trop! Ce métier est littéralement dans une espèce de bulle qui explose. Finalement le seul truc auquel je crois c'est qu'il faut continuer à faire de bonnes chansons. Quand on fait des chansons qui émeuvent, ça marche ! Après s'il fallait se débrouiller autrement, et bien moi j'écrirais pour d'autres ou je ferais des musiques de pubs. Quoiqu'il se passe je continuerai à faire mes albums. J'espère continuer le plus longtemps possible avec ceux qui me soutiennent.

Tof : Dernière question: tu as une réputation de timide mais pourtant sur scène tu n'en as pas l'air du tout ... Est-ce qu'il y a un phénomène de dédoublement de personnalité qui s'opère ? Est-ce que la scène te sert de thérapie ?

Martin Rappeneau : Toujours, c'est le grand kiff ! C'est pour ça qu'il ne faut jamais s'arrêter de le faire ! Si j'aime être sur scène c'est parce que je peux à la fois y chanter des chansons très intimes, voire autobiographiques, et en même temps, sans mettre de costume ou de déguisement, être quelqu'un d'autre et me lacher complètement ... Ok Martin mais surtout ne change pas trop quand même, reste le même ! Merci d'avoir partagé avec les internautes de CitéGAY ton point de vue sur ce qui te fait manifestement vibrer plus que tout : l'amour de la Musique, et même au-delà : la musique de l'Amour ... De mon coté je ne saurai que continuer à conseiller à tous de venir te voir en live, pour découvrir un vrai showman plein d'humour et de bonne humeur ... L'album 1800 désirs est quant à lui disponible dans notre rubrique Musique Bonne route !

Martin Rappeneau en tournée: Paris : Alhambra : lundi 2 mars Lyon : Le marche gare, jeudi 5 mars Marseille : l'espace julien, samedi 7 mars Lille: mardi17 mars Lausanne : jeudi 19 mars Bordeaux: théâtre barbay, samedi 21 mars Brest: Mardi 24 mars myspace.com/martinrappeneau

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