Une fois encore, le soleil est au rendez-vous, comme pour mieux accompagner le trajet qui me mène à mon nouvel "artisan de la musique", Peter Von Poehl. Son album "May Day" sonne résolument plus pop et plus rythmé que le précédent, mais il compte toujours son lot de balades tranquilles et enchanteresses, particulièrement propices au recueillement. Là, parfois sa voix s'élève comme celle d'un ange, prenant le temps de peser le poids de chacun des mots, à l'époque même où le format du sms est de mise et où les syllabes sont avalées à la sauce rap ou r'n'b. Pendant les moments d'exception que nous offre Peter, on jurerait entendre quelques touches d'orgue de barbarie, juxtaposées aux accords de cuivre, et de cordes. Quelques grammes de finesse dans ce monde de brutes en somme ! Comme par hasard le lieu de notre rendez-vous a été changé au dernier moment ... pour une Eglise ! Je me dis que ce n'est sûrement pas par hasard, le titre de l'album sonne comme l'annonce d'une fin du monde, et ce thème est même abordé sur l'une de ses plages sonores . Question : Faut-il se signer avant d'interviewer Peter Von Poehl ? Réponse : Ici en l'occurence oui ! Je prends place sur un des bancs en bois et le jeune suédois se glisse silencieusement à côté de moi . Pour la première fois l'interview sera quasiment murmurée, comme dans un confessional ...
Tof : Hello Peter, dis-moi on se retrouve dans un endroit un peu insolite ... comment se fait-il que tu donnes des interviews en plein coeur d'une église ?
Peter Von Poehl : Oh c'est juste que le pasteur est un vieux copain à moi [Sourire] On a réfléchi à un endroit où on pourrait à la fois avoir une bonne acoustique et qui soit calme. Je te rassure ça n'a rien à voir avec le contenu de mon album ! [Sourire]
Tof : Même pas en ce qui concerne la chanson "Near the End Of The World" ?
Peter Von Poehl : Non non, dans ce titre il y a plutôt l'idée d'un bout du monde vers lequel on se dirige tous pour chercher ...
Tof : Mais chercher quoi ?
Peter Von Poehl : [Rires] Aaaah évidemment si on savait ce serait plus simple ! C'est ça qui est le plus compliqué ... On cherche, on cherche, on cherche ...
Tof : Comment es-tu arrivé à la musique ?
Peter Von Poehl : Je viens de Malmö en Suède. Il faut savoir que dans ce pays, soit on joue au foot, soit on fait du hockey sur glace, soit on fait partie d'un groupe de garage. Tu souris mais ce n'est même pas une blague ! Le gouvernement actuel est en train de supprimer cette "tradition" alors que c'est quelque chose qui est ancré dans notre culture depuis très longtemps. Il y a peu, l' éducation musicale était gratuite dans les écoles et lorsqu'on voulait créer un groupe on pouvait bénéficier d'une aide financière de la part de la ville, d'un local, de quoi acheter des instruments, et même de la bière ! [Sourire] Mine de rien c'était une bonne alternative pour les jeunes et ça leur évitait de se retrouver livrés à eux-mêmes. C'est forcément grâce à ça qu'aujourd'hui la Suède est le 3ème plus important exportateur de musique après l'Angleterre et les Etats-Unis !
Tof : Y a-t-il un artiste en particulier qui t' a donné envie de te lancer dans cette aventure ?
Peter Von Poehl : Je crois que je n'ai jamais été très "musicologue". Bien sûr, j'ai écouté les classiques comme tout le monde, mais en fait ce sont toujours un peu les mêmes disques qui me suivent, rien d'extraordinaire. De manière plus générale on peut dire ce qu'il y a dans une chanson, m'a toujours fait rêver. Dès mes premiers cours de piano, je me suis aperçu que j'étais très mauvais lorsqu'il s'agit de lire la musique. Du coup quand j'ai commencé à jouer dans mes groupes de garage je venais avec mes propres chansons, parce qu' elles au moins je savais que je pourrais les jouer... On peut tout de même dire que "Hey Joe", pas la version des Animals mais celle de Jimmy Hendrix, a été un vrai déclic. Pareil, c'est un morceau qui figurait au programme de mes cours de guitare, et j'étais incapable de l'apprendre ! [Sourire] C'est là que je me suis dit : "bon tant pis je n'ai qu'à jouer mes propres chansons" . C'était comme une fuite en avant, un truc pour échapper aux chansons des autres...
Tof : Moi je t' ai découvert avec l'album de Doriand "Le grand bain" (2005), et celui de Lio "Dites au prince charmant" (2006), sur lesquels on retrouve des versions françaises de titres de ton premier album "Going to where the tea-trees are" (2006)...
Peter Von Poehl : Hmmm, à l'époque j'habitais Paris. En fait j'étais arrivé en France grâce à une bourse de la commission européenne pour les jeunes sans emploi, et c'est Bertrand Burgalat qui m'a gentiment hébergé. De fil en aiguille, j'ai ainsi travaillé avec lui entre 1998 et 2003 sur un véritable feu d'artifice de projets. J'étais "side kick" comme on dit, polyvalent si tu préfères. Petit à petit j'ai vu que je pouvais aussi bien écrire des chansons, qu'être musicien, ou même réaliser. C'est à la suite de ça que j'ai rencontré plein d'artistes à Paris. Je me suis un peu approprié les projets et souvent lorsque Bertrand fermait le studio moi je continuais tout seul. C'est là que j'ai rencontré Doriand et que j'ai découvert son projet de disque qu'il avait déjà préparé depuis longtemps.
Tof : Ca n'a pas été frustrant de voir tes chansons sur deux autres disques avant même la sortie de ton propre album, lui volant un peu la vedette ?
Peter Von Poehl : Non pas du tout, et d'ailleurs s'il y a vraiment quelque chose que j'aime c'est le travail de collaboration. La frustration, je l'ai plutôt ressentie lorsque j'ai réalisé qu'auparavant j' avais déjà enregistré suffisament de titres pour un disque et que finalement je ne l'avais jamais sorti. Quand je me suis décidé je m'imaginais que ce serait facile, et j'ai vite déchanté ! Beaucoup de choses ont fini à la poubelle et du coup ça on peut dire que c'était vraiment une immense frustration [Rires]. Pour tout dire, j'ai été obligé de tout reprendre à zéro en allant m'installer à Berlin. Et oui on peut dire que "Going to where the tea-trees are" a été conçu avec une approche qui n'avait pas grand chose à voir avec le plaisir ! C'était presqu'une corvée !
Tof : Quelles sont les différences et points communs entre tes deux albums ?
Peter Von Poehl : Pour le premier j'avais un peu épuisé le même thème. Toutes les chansons parlaient de la même chose et d'une certaine façon cela avait guidé les arrangements et même les mélodies. A la base c'était aussi quelque chose de très privé que je ne voulais faire écouter à personne. Avec le recul je suis bien sûr heureux qu'il soit sorti, ne serait ce que parce qu'il m'a permis d'en faire un second et puis parce qu'il a rendu possible le fait que je n'ai pas arrêté de tourner pendant 3 ans. Les chansons de "May Day", elles, ont été faites avant d'aller sur scène ou en sortant de scène, dans la loge ou le tour-bus. Finalement ça a fait une grosse différence, puisque du coup je l'écrivais pour quelqu'un, et pas pour le garder pour moi !
Tof : Si j'ai bien compris tu es plutôt compositeur. Est-ce qu'il t'arrive tout de même d'écrire les textes ?
Peter Von Poehl : Ca aussi c'est une autre différence. Pour moi les textes sont hyper importants, et sont indissociables de la musique. Avec "May Day" j'avais peur de refaire le même disque. J'ai donc eu envie de demander les textes à quelqu'un d'autre. C'était un peu une façon de m'échapper de moi-même. Au final, pratiquement la moitié de l'album est écrite par une française, Marie Modiano. Elle était venue à Berlin pour enregistrer son propre disque, et un copain américain m'avait appelé pour travailler sur le projet en me la décrivant comme une française qui écrivait comme Emily Dickinson. Ça m'avait interpellé et je m'étais dit: "ah bon? il faut que j'écoute ça !" J'ai tout de suite accroché à son style très "storytelling", carrément d'une autre époque, et très rare dans la musique anglo saxonne. J'avais envie de ça. Une chanson comme "Moonshot falls" , qui ouvre un peu la face b de l'album (en tout cas je l'ai pensée comme ça) qui est à mon avis une des plus grandiloquentes, était au départ beaucoup plus intime. C'est une fois que j'ai reçu le texte de Marie que j'ai été amené à refaire complètement la musique, et à en faire quelque chose de totalement différent.
Tof : Comment as-tu travaillé avec Marie ? Tu lui commandais un texte en fonction d'un thème ?
Peter Von Poehl : Voila ! et je devais même être un peu chiant car parfois je donnais des mélodies et souvent des thèmes très précis. Il faut dire que je ne suis sûrement pas un client très facile ! En tout cas le fait d'avoir confié une partie des textes à Marie m'a permis de parler d'autre chose, de prendre une autre direction, et c'est vraiment ce que je cherchais...
Tof : As-tu une anecdote concernant la façon dont a été réalisé ce nouvel opus ?
Peter Von Poehl : Par exemple, la chanson "Forgotten Garden" était initialement prévue pour un film, mais le réalisateur n'avait pas été trés emballé. Il se trouve que le texte avait été vraiment pensé en fonction du thème du film, mais après coup je me suis rendu compte qu'il me correspondait totalement. C'est assez drôle parce qu'on dirait que même lorsque je choisis de jouer une reprise comme "Heartbreak Hotel" par exemple, je m'aperçois qu'au final elle me concerne ! En fait avec "May Day"tout ça a été comme une sorte de libération, comme si je m'autorisais à m'ouvrir à autre chose. Et ce n'est pas fini car j'écris continuellement. Les thèmes peuvent donc partir très loin...
Tof : Pourtant "May Day", cela sonne tout de même un peu comme un appel au secours non ?
Peter Von Poehl : Pas du tout ! J'ai écrit ce titre un 2 Mai à Berlin. Le 1er Mai est souvent synonyme de manifestation mais le lendemain, il y a souvent un sacré contraste. Je me souviens m'être levé par une belle journée, avec le chant des petits oiseaux et je peux te dire que ça changeait des voitures cassées et des pavés de la veille ! Mais ça ne parle pas que de ça non plus. Il y a aussi surtout une idée de changement. En Suède le son peut beaucoup changer d'une saison à l' autre. Entre l' hiver et le printemps c'est comme un autre pays. Le 1er Mai est aussi une date particulière qui provoque chez moi un sentiment ambigü, à la fois heureux et triste. Ca annonce le Printemps, saison qui amène une sorte de "responsabilité". Comme si on hiver on avait plus le droit d'être malheureux, et qu' à l'arrivée de la nouvelle saison, il fallait se reprendre en main ...
Tof : "May Day" sonne plus "pop" que l'album précédent. Est-ce que c'est le reflet d'une évolution personnelle ? Ne serait-ce que dans le clip de "Parliament", tu apparais pour la première fois debout face à un public, comme un chanteur populaire...
Peter Von Poehl : En fait pendant ma tournée je n'avais qu'une envie : m'entourer de plein d'instruments pour faire du bruit. Beaucoup de nouvelles chansons viennent de cette envie. En même temps le simple fait de me lâcher comme je le fais, m'a demandé une sorte d'effort supplémentaire. Et puis j'avais aussi beaucoup envie d'aller vers quelque chose de plus "chanson française", dans l'attitude. A part au niveau du travail je n'ai pas du tout de rapport avec la France mais il faut bien voir que tout a démarré un peu par un concours de circonstances et surtout grâce à ce pays. Pour la petite histoire mon premier album, plutôt que de sortir à l'international sur un label anglais, comme c'était prévu initialement, est finalement paru sur le label "Tôt ou tard" , et seulement en France. Il y aussi un de mes 45 tours qui s' est retrouvé chez Radio Nova à Paris, et ils ont commencé à le jouer un an avant sa sortie ! Autant dire que ce pays a joué un grand rôle dans le succès de mon disque, et j'ai donc voulu lui rendre un petit hommage ...
Tof : Tu parles souvent de 45 tours, de vinyle etc... Est-ce que c'est une forme de nostalgie ?
Peter Von Poehl : Independamment de la qualité du son, c'est vrai que j'ai toujours préféré ce support, et puis j'ai grandi avec ! En regardant bien c'est vrai que je n'ai pas beaucoup de disques et que la plupart sont des vinyles. Je continue de raisonner en "face a", "face b" et j'essaie toujours de faire en sorte qu'une face ne dure pas plus de 20 minutes car sinon le son n'est pas bon... Je tiens aussi assez au rituel qu'implique l'écoute d'un vinyle, le fait de devoir consciencieusement tourner le disque après 20 minutes, tu vois ? [Sourire]
Tof : Tu m'as l'air bien méticuleux ! Sur ton blog par exemple, tu expliques à quel point le choix de l'ordre des chansons est un casse-tête ...
Peter Von Poehl : Oui c'est un cauchemar ! Il faut trouver un début, une fin, et de nouveau un début et une fin puisque je considère qu'il y a deux faces ! Pour "May Day" il y a un ordre qui s'est imposé d'emblée, mais au moment du mastering je me suis rendu compte que c'était pas du tout bon...
Tof : Parle-moi de tes concerts... Je rêverais de te voir accompagné d'un orchestre symphonique par exemple..
Peter Von Poehl : Ce serait cool en effet ! D'ailleurs l' idée fait son chemin car je me rends compte que c'est possible et que certaines de mes compositions s'y prêtent totalement. Cette tournée en France va se faire avec un nouvel ensemble de 5 personnes dont 2 basses électriques, avec résolumment l' idée de faire un peu plus de bruit que sur la tournée précédente !
Et bien Peter, le menu semble plus qu'attrayant ... Malheureusement on me fait signe qu'il faut déjà nous quitter. Merci pour cette entrevue très sympathique et je souhaite à ton disque d'être accueilli comme il le mérite, car il est vraiment magnifique . Rendez-vous sur scène avec ton nouveau groupe !
Peter Von Poehl en concert :
FÉVRIER
9 au 12 Sannois Résidence à l'EMB
13 Massy Paul B
MARS
4 Laval Le 6 par 4
5 Evreux L'Abordage
6 Saint Lo Le Normandy
7 Brest Vauban
11 Orléans L'astrolabe
12 Bordeaux Barbey
13 Montpellier Victoire 2
14 Arles Le Cargo de nuit
15 Toulouse Bikini
17 Rennes Ubu
18 Nantes L'Olympic
19 Angers Le Chabada
20 Angoulême La Nef
24 Paris - La défense Chorus des hauts de Seine
25 Amiens Amiens Jazz Festival
26 Lyon Ninkasi
27 Strasbourg La Laiterie
28 Geneve (CH) L'usine
2 AVRIL
Paris La Cigale (Pour réserver avec une petite réduction, clique ICI )
MAI
6 Alençon La luciole
7 Sannois EMB
Commande ta place pour LA CIGALE LE 2 AVRIL 2009 en cliquant [ ICI ]
N'oublie pas de visiter myspace.petervonpoehl et http://www.petervonpoehl.com/
Tof : Hello Peter, dis-moi on se retrouve dans un endroit un peu insolite ... comment se fait-il que tu donnes des interviews en plein coeur d'une église ?
Peter Von Poehl : Oh c'est juste que le pasteur est un vieux copain à moi [Sourire] On a réfléchi à un endroit où on pourrait à la fois avoir une bonne acoustique et qui soit calme. Je te rassure ça n'a rien à voir avec le contenu de mon album ! [Sourire]
Tof : Même pas en ce qui concerne la chanson "Near the End Of The World" ?
Peter Von Poehl : Non non, dans ce titre il y a plutôt l'idée d'un bout du monde vers lequel on se dirige tous pour chercher ...
Tof : Mais chercher quoi ?
Peter Von Poehl : [Rires] Aaaah évidemment si on savait ce serait plus simple ! C'est ça qui est le plus compliqué ... On cherche, on cherche, on cherche ...
Tof : Comment es-tu arrivé à la musique ?
Peter Von Poehl : Je viens de Malmö en Suède. Il faut savoir que dans ce pays, soit on joue au foot, soit on fait du hockey sur glace, soit on fait partie d'un groupe de garage. Tu souris mais ce n'est même pas une blague ! Le gouvernement actuel est en train de supprimer cette "tradition" alors que c'est quelque chose qui est ancré dans notre culture depuis très longtemps. Il y a peu, l' éducation musicale était gratuite dans les écoles et lorsqu'on voulait créer un groupe on pouvait bénéficier d'une aide financière de la part de la ville, d'un local, de quoi acheter des instruments, et même de la bière ! [Sourire] Mine de rien c'était une bonne alternative pour les jeunes et ça leur évitait de se retrouver livrés à eux-mêmes. C'est forcément grâce à ça qu'aujourd'hui la Suède est le 3ème plus important exportateur de musique après l'Angleterre et les Etats-Unis !
Tof : Y a-t-il un artiste en particulier qui t' a donné envie de te lancer dans cette aventure ?
Peter Von Poehl : Je crois que je n'ai jamais été très "musicologue". Bien sûr, j'ai écouté les classiques comme tout le monde, mais en fait ce sont toujours un peu les mêmes disques qui me suivent, rien d'extraordinaire. De manière plus générale on peut dire ce qu'il y a dans une chanson, m'a toujours fait rêver. Dès mes premiers cours de piano, je me suis aperçu que j'étais très mauvais lorsqu'il s'agit de lire la musique. Du coup quand j'ai commencé à jouer dans mes groupes de garage je venais avec mes propres chansons, parce qu' elles au moins je savais que je pourrais les jouer... On peut tout de même dire que "Hey Joe", pas la version des Animals mais celle de Jimmy Hendrix, a été un vrai déclic. Pareil, c'est un morceau qui figurait au programme de mes cours de guitare, et j'étais incapable de l'apprendre ! [Sourire] C'est là que je me suis dit : "bon tant pis je n'ai qu'à jouer mes propres chansons" . C'était comme une fuite en avant, un truc pour échapper aux chansons des autres...
Tof : Moi je t' ai découvert avec l'album de Doriand "Le grand bain" (2005), et celui de Lio "Dites au prince charmant" (2006), sur lesquels on retrouve des versions françaises de titres de ton premier album "Going to where the tea-trees are" (2006)...
Peter Von Poehl : Hmmm, à l'époque j'habitais Paris. En fait j'étais arrivé en France grâce à une bourse de la commission européenne pour les jeunes sans emploi, et c'est Bertrand Burgalat qui m'a gentiment hébergé. De fil en aiguille, j'ai ainsi travaillé avec lui entre 1998 et 2003 sur un véritable feu d'artifice de projets. J'étais "side kick" comme on dit, polyvalent si tu préfères. Petit à petit j'ai vu que je pouvais aussi bien écrire des chansons, qu'être musicien, ou même réaliser. C'est à la suite de ça que j'ai rencontré plein d'artistes à Paris. Je me suis un peu approprié les projets et souvent lorsque Bertrand fermait le studio moi je continuais tout seul. C'est là que j'ai rencontré Doriand et que j'ai découvert son projet de disque qu'il avait déjà préparé depuis longtemps.
Tof : Ca n'a pas été frustrant de voir tes chansons sur deux autres disques avant même la sortie de ton propre album, lui volant un peu la vedette ?
Peter Von Poehl : Non pas du tout, et d'ailleurs s'il y a vraiment quelque chose que j'aime c'est le travail de collaboration. La frustration, je l'ai plutôt ressentie lorsque j'ai réalisé qu'auparavant j' avais déjà enregistré suffisament de titres pour un disque et que finalement je ne l'avais jamais sorti. Quand je me suis décidé je m'imaginais que ce serait facile, et j'ai vite déchanté ! Beaucoup de choses ont fini à la poubelle et du coup ça on peut dire que c'était vraiment une immense frustration [Rires]. Pour tout dire, j'ai été obligé de tout reprendre à zéro en allant m'installer à Berlin. Et oui on peut dire que "Going to where the tea-trees are" a été conçu avec une approche qui n'avait pas grand chose à voir avec le plaisir ! C'était presqu'une corvée !
Tof : Quelles sont les différences et points communs entre tes deux albums ?
Peter Von Poehl : Pour le premier j'avais un peu épuisé le même thème. Toutes les chansons parlaient de la même chose et d'une certaine façon cela avait guidé les arrangements et même les mélodies. A la base c'était aussi quelque chose de très privé que je ne voulais faire écouter à personne. Avec le recul je suis bien sûr heureux qu'il soit sorti, ne serait ce que parce qu'il m'a permis d'en faire un second et puis parce qu'il a rendu possible le fait que je n'ai pas arrêté de tourner pendant 3 ans. Les chansons de "May Day", elles, ont été faites avant d'aller sur scène ou en sortant de scène, dans la loge ou le tour-bus. Finalement ça a fait une grosse différence, puisque du coup je l'écrivais pour quelqu'un, et pas pour le garder pour moi !
Tof : Si j'ai bien compris tu es plutôt compositeur. Est-ce qu'il t'arrive tout de même d'écrire les textes ?
Peter Von Poehl : Ca aussi c'est une autre différence. Pour moi les textes sont hyper importants, et sont indissociables de la musique. Avec "May Day" j'avais peur de refaire le même disque. J'ai donc eu envie de demander les textes à quelqu'un d'autre. C'était un peu une façon de m'échapper de moi-même. Au final, pratiquement la moitié de l'album est écrite par une française, Marie Modiano. Elle était venue à Berlin pour enregistrer son propre disque, et un copain américain m'avait appelé pour travailler sur le projet en me la décrivant comme une française qui écrivait comme Emily Dickinson. Ça m'avait interpellé et je m'étais dit: "ah bon? il faut que j'écoute ça !" J'ai tout de suite accroché à son style très "storytelling", carrément d'une autre époque, et très rare dans la musique anglo saxonne. J'avais envie de ça. Une chanson comme "Moonshot falls" , qui ouvre un peu la face b de l'album (en tout cas je l'ai pensée comme ça) qui est à mon avis une des plus grandiloquentes, était au départ beaucoup plus intime. C'est une fois que j'ai reçu le texte de Marie que j'ai été amené à refaire complètement la musique, et à en faire quelque chose de totalement différent.
Tof : Comment as-tu travaillé avec Marie ? Tu lui commandais un texte en fonction d'un thème ?
Peter Von Poehl : Voila ! et je devais même être un peu chiant car parfois je donnais des mélodies et souvent des thèmes très précis. Il faut dire que je ne suis sûrement pas un client très facile ! En tout cas le fait d'avoir confié une partie des textes à Marie m'a permis de parler d'autre chose, de prendre une autre direction, et c'est vraiment ce que je cherchais...
Tof : As-tu une anecdote concernant la façon dont a été réalisé ce nouvel opus ?
Peter Von Poehl : Par exemple, la chanson "Forgotten Garden" était initialement prévue pour un film, mais le réalisateur n'avait pas été trés emballé. Il se trouve que le texte avait été vraiment pensé en fonction du thème du film, mais après coup je me suis rendu compte qu'il me correspondait totalement. C'est assez drôle parce qu'on dirait que même lorsque je choisis de jouer une reprise comme "Heartbreak Hotel" par exemple, je m'aperçois qu'au final elle me concerne ! En fait avec "May Day"tout ça a été comme une sorte de libération, comme si je m'autorisais à m'ouvrir à autre chose. Et ce n'est pas fini car j'écris continuellement. Les thèmes peuvent donc partir très loin...
Tof : Pourtant "May Day", cela sonne tout de même un peu comme un appel au secours non ?
Peter Von Poehl : Pas du tout ! J'ai écrit ce titre un 2 Mai à Berlin. Le 1er Mai est souvent synonyme de manifestation mais le lendemain, il y a souvent un sacré contraste. Je me souviens m'être levé par une belle journée, avec le chant des petits oiseaux et je peux te dire que ça changeait des voitures cassées et des pavés de la veille ! Mais ça ne parle pas que de ça non plus. Il y a aussi surtout une idée de changement. En Suède le son peut beaucoup changer d'une saison à l' autre. Entre l' hiver et le printemps c'est comme un autre pays. Le 1er Mai est aussi une date particulière qui provoque chez moi un sentiment ambigü, à la fois heureux et triste. Ca annonce le Printemps, saison qui amène une sorte de "responsabilité". Comme si on hiver on avait plus le droit d'être malheureux, et qu' à l'arrivée de la nouvelle saison, il fallait se reprendre en main ...
Tof : "May Day" sonne plus "pop" que l'album précédent. Est-ce que c'est le reflet d'une évolution personnelle ? Ne serait-ce que dans le clip de "Parliament", tu apparais pour la première fois debout face à un public, comme un chanteur populaire...
Peter Von Poehl : En fait pendant ma tournée je n'avais qu'une envie : m'entourer de plein d'instruments pour faire du bruit. Beaucoup de nouvelles chansons viennent de cette envie. En même temps le simple fait de me lâcher comme je le fais, m'a demandé une sorte d'effort supplémentaire. Et puis j'avais aussi beaucoup envie d'aller vers quelque chose de plus "chanson française", dans l'attitude. A part au niveau du travail je n'ai pas du tout de rapport avec la France mais il faut bien voir que tout a démarré un peu par un concours de circonstances et surtout grâce à ce pays. Pour la petite histoire mon premier album, plutôt que de sortir à l'international sur un label anglais, comme c'était prévu initialement, est finalement paru sur le label "Tôt ou tard" , et seulement en France. Il y aussi un de mes 45 tours qui s' est retrouvé chez Radio Nova à Paris, et ils ont commencé à le jouer un an avant sa sortie ! Autant dire que ce pays a joué un grand rôle dans le succès de mon disque, et j'ai donc voulu lui rendre un petit hommage ...
Tof : Tu parles souvent de 45 tours, de vinyle etc... Est-ce que c'est une forme de nostalgie ?
Peter Von Poehl : Independamment de la qualité du son, c'est vrai que j'ai toujours préféré ce support, et puis j'ai grandi avec ! En regardant bien c'est vrai que je n'ai pas beaucoup de disques et que la plupart sont des vinyles. Je continue de raisonner en "face a", "face b" et j'essaie toujours de faire en sorte qu'une face ne dure pas plus de 20 minutes car sinon le son n'est pas bon... Je tiens aussi assez au rituel qu'implique l'écoute d'un vinyle, le fait de devoir consciencieusement tourner le disque après 20 minutes, tu vois ? [Sourire]
Tof : Tu m'as l'air bien méticuleux ! Sur ton blog par exemple, tu expliques à quel point le choix de l'ordre des chansons est un casse-tête ...
Peter Von Poehl : Oui c'est un cauchemar ! Il faut trouver un début, une fin, et de nouveau un début et une fin puisque je considère qu'il y a deux faces ! Pour "May Day" il y a un ordre qui s'est imposé d'emblée, mais au moment du mastering je me suis rendu compte que c'était pas du tout bon...
Tof : Parle-moi de tes concerts... Je rêverais de te voir accompagné d'un orchestre symphonique par exemple..
Peter Von Poehl : Ce serait cool en effet ! D'ailleurs l' idée fait son chemin car je me rends compte que c'est possible et que certaines de mes compositions s'y prêtent totalement. Cette tournée en France va se faire avec un nouvel ensemble de 5 personnes dont 2 basses électriques, avec résolumment l' idée de faire un peu plus de bruit que sur la tournée précédente !
Et bien Peter, le menu semble plus qu'attrayant ... Malheureusement on me fait signe qu'il faut déjà nous quitter. Merci pour cette entrevue très sympathique et je souhaite à ton disque d'être accueilli comme il le mérite, car il est vraiment magnifique . Rendez-vous sur scène avec ton nouveau groupe !
Peter Von Poehl en concert :
FÉVRIER
9 au 12 Sannois Résidence à l'EMB
13 Massy Paul B
MARS
4 Laval Le 6 par 4
5 Evreux L'Abordage
6 Saint Lo Le Normandy
7 Brest Vauban
11 Orléans L'astrolabe
12 Bordeaux Barbey
13 Montpellier Victoire 2
14 Arles Le Cargo de nuit
15 Toulouse Bikini
17 Rennes Ubu
18 Nantes L'Olympic
19 Angers Le Chabada
20 Angoulême La Nef
24 Paris - La défense Chorus des hauts de Seine
25 Amiens Amiens Jazz Festival
26 Lyon Ninkasi
27 Strasbourg La Laiterie
28 Geneve (CH) L'usine
2 AVRIL
Paris La Cigale (Pour réserver avec une petite réduction, clique ICI )
MAI
6 Alençon La luciole
7 Sannois EMB
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