Dernières vérifications avant de partir. Presqu’un rituel … Tout est là : le marqueur pour la dédicace aux internautes, la précieuse chemise cartonnée jaune contenant mes humbles questions, l’appareil-photos au cas où, et bien sûr le fameux dictaphone, sans lequel rien de cette nouvelle interview ne pourra être retranscrit. Le jeune homme que je dois rencontrer aujourd’hui n’a que 25 ans mais déjà un parcours artistique bien rempli … Multi-instrumentiste, vocaliste, producteur, remixeur entre autres pour Kylie Minogue et Jamiroquaï, Chris Glover aka Penguin Prison, son projet électro attendu depuis plus d’un an et demi … Le rendez-vous a été fixé au sous sol d’un restaurant qui borde le forum des Halles, et c’est au fond d’une salle un peu obscure, genre salle de billard, que j’aperçois Chris, souriant mais les yeux visiblement fatigués par une journée intense de promo. Quelques instants d’attente - la fin d’un shooting-photos - et on me fait signe que je peux le rejoindre. L’interview peut commencer …
Tof : Bonjour Chris, merci de me recevoir pour qu’on parle ensemble de ta musique survitaminée ! Ton label dit de ta musique qu’est plutôt influencée sixties et seventies. Moi j’y retrouve plutôt des références eighties … Qu’en penses-tu ?
Penguin Prison : Je te rassure tu n’es pas le seul à me le dire! Je pense que l’essentiel de mes influences vient d’artistes comme Michael Jackson, Prince, ou les Talking Heads, qui est effectivement un groupe des années 80. Donc oui je suis ok avec ça … [Sourire]
Tof : Penguin Prison … pourquoi as-tu choisi ce nom plutôt bizarre ?
Penguin Prison : En fait je m’en fichais un peu. Tout ce que je voulais c’est que mon propre nom Chris Glover n’apparaisse pas. J’aimais bien l’idée du nom de groupe ! La vérité c’est que j’adore les noms ridicules choisis au hasard … A l’adolescence avec un ami on s’était amusés à écrire une chanson rap juste pour le fun … Il est venu avec des paroles qui faisaient « He’s a Penguin Vision … He went to the Penguin Prison and he’s in a Penguin Position ». J’ai trouvé ça vraiment amusant, et lorsque plus tard il a fallu me trouver un nom je m’en suis souvenu …
Tof : Dis-moi finalement Penguin Prison est juste un artiste solo ou carrément un groupe ?
Penguin Prison : Hmmm, c’est juste moi mais en fait je travaille avec beaucoup de personnes différentes. Quand j’enregistre c’est toujours avec des amis qui interviennent sur plusieurs chansons. Par exemple je suis fan du groupe Holy Ghost et ils m’ont aidé sur deux titres. Du coup j’ai mis la patte à leur propre album, toujours avec des amis à moi. Sur scène par contre, je ne suis pas seul mais accompagné d’un trio de musiciens.
Tof : Ok ! Dis-moi tu as commencé à chanter très tôt dans une chorale de gospel, puis tu as joué dans un groupe de punk … Tu sembles avoir des goûts très éclectiques alors pourquoi avoir choisi l’electro pop pour ton tout premier album ?
Penguin Prison : J’ai toujours beaucoup aimé ce style de musique. Je trouve l’inspiration chez des amis, comme Holy Ghost qui sont plutôt dance. Pour les futurs albums je ferai forcément quelque chose de différent, mais je veux que l’évolution se fasse de manière graduelle. Je n’aime pas les changements radicaux.
Tof : Le gospel, c’était un choix personnel ou juste pour faire plaisir aux parents ?
Penguin Prison : Je voulais me trouver une école qui me donne vraiment envie d’étudier, qui me rende enthousiaste. Du coup je me suis inscrit à la « Professional Performing Art School » de New-York … Le matin on avait des cours académiques et l’après-midi on pouvait aussi bien se retrouver dans les locaux d’une major, que dans un théâtre ou un cours de danse. Il se trouve que moi j’avais intégré une chorale de gospel, pas pour une question de foi mais parce que j’aime vraiment cette musique très spirituelle, qui fait naître un feeling particulier. Beaucoup de mes chansons préférées parlent de Dieu alors que je n’y crois pas moi-même. Ce n’est pas pour autant qu’on doit s’empêcher de chanter sur ce sujet ! J’ai trouvé cette expérience vraiment enrichissante, grâce notamment à une prof très stricte, très attachée à la discipline.
Tof : C’est d’ailleurs peut-être le gospel qui est à l’origine de révélations telles que Prince ou Michael Jackson …
Penguin Prison : Oui probablement. On me trouve quelque fois plus proche de l’attitude de Prince, surtout lorsque je joue live et que je fais pivoter ma guitare électrique accrochée dans mon dos … [Sourire]
Tof : Tu joues de combien d’instruments ?
Penguin Prison : Basse, guitare, synthé. Des amis m’accompagnent sur l’album mais en fait c’est moi qui joue la majorité des sons qui composent ce disque.
Tof : Tu y parles beaucoup d’argent … Ca veut dire que tu as un problème particulier avec ça ?
Penguin Prison : [Rire] L’argent est un sujet qui touche forcément énormément de gens, spécialement dans la société actuelle. Je trouve que l’économie y tient vraiment une place étrange alors qu’aux Etats-Unis, en Europe, partout on est en pleine crise … Ma chanson « Multi-millionaire » parle de ça, du fait de vivre comme un multi-millionaire alors qu’on n’a plus un sou … C’est facile d’utiliser une Carte Bleue pour acheter toujours plus. Tu n’as pas besoin d’argent pour ça ! Cet état d’esprit est assez répandu à mon avis et je trouve ça bizarre ...
Tof : Ok j’en déduis que tu n’es pas intéressé par l’argent. Donc si quelqu’un télécharge illégalement ton album j’imagine que ça ne te posera pas de problème ?
Penguin Prison : [Sourire gêné] Pffff … Je ne sais pas vraiment quoi faire avec ce problème … J’ai juste l’impression que depuis 10 ans les choses ont évolué naturellement de façon à permettre le téléchargement gratuit. Pour moi c’est directement lié à la crise économique. On n’a tout simplement plus assez d’argent pour se payer de la musique ! En fait je comprends le phénomène : les gens sont littéralement pris à la gorge …
Tof : Certains artistes offrent des chansons, voire des albums complets en téléchargement légal gratuit. Penses-tu que c’est une solution ?
Penguin Prison : Oui tout à fait. Personnellement j’aime partager de la musique gratuitement … Un album peut être téléchargé de cette manière et ensuite s’il plait vraiment le public l’achètera ! C’est tout simplement une manière de supporter un artiste et de lui donner la possibilité d’enregistrer un autre album. Aujourd’hui beaucoup d’artistes concentrent le maximum de leur argent à leurs concerts … C’est devenu plus important que de vendre des disques, et en même temps le public continue à acheter leurs disques.
Tof : Penses-tu que le public gay à quelque chose à voir avec ton succès ?
Penguin Prison : En effet j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de gays et lesbiennes parmi les fans de Penguin Prison … J’en ai remarqué pas mal lors de mes concerts où parmi les fans qui postent sur le web. Je trouve ça cool même si je ne sais pas vraiment expliquer pourquoi … En plus je partage tout à fait leurs préoccupations. Je crois que tout le monde doit avoir les mêmes droits et je suis évidemment pour le mariage entre deux personnes de même sexe.
Tof : Avant cet album tu as réalisé beaucoup de remixes, notamment pour Goldfrapp, Jamiroquaï, Kylie Minogue ou dernièrement Darren Hayes. Comment choisis-tu les artistes avec lesquels tu collabores ?
Penguin Prison : Le premier remix que j’ai fait était pour Marina and the Diamonds. Il a été diffusé un peu partout sur Internet et on peut dire que c’est vraiment lui qui a tout déclenché car c’est à partir de là que j’ai eu plein de demandes … Je n’avais plus qu’à dire oui ou non … En fait lorsque je réalise un remix je n’aime pas écouter la version originale. Je vire la partie musicale et je n’écoute que la voix, puis j’adapte ma propre musique. Une fois que ça c’est fait, là je m’amuse à écouter l’original, juste pour le fun et pour voir de quelle façon il est différent de ce que j’ai créé.
Tof : On dit souvent qu’une bonne ligne de basse est l’ingrédient indispensable à un bon hit… Quelle est ta propre recette magique pour le tube imparable ?
Penguin Prison : Tu me poses une colle ! [Sourire] Je n’en ai aucune idée. Ce qui est important pour moi c’est de respecter tous les sons et de faire en sorte qu’ils se répondent de manière harmonieuse. Quand tu joues de la basse ça entraîne une certaine humeur. Pareil pour la batterie ou n’importe quel instrument. Il faut créer l’osmose !
Tof : Quel est ton modèle par exemple ?
Penguin Prison : Quincy Jones par exemple. Quand tu écoutes sa musique tu peux vraiment ressentir une espèce d’alchimie indescriptible ! Pour moi le tube parfait est peut-être "Billie Jean" ou "Don’t Stop till I get enough" de Michael Jackson
Tof : Est-il vrai qu’avant cet album tu as failli sortir un autre projet qui avait été signé par Q-Tip … ?
Penguin Prison : Oui en fait il cherchait des artistes pour son nouveau label. Je lui ai envoyé mes démos et il m’a contacté mais ça ne s’est finalement pas concrétisé. Après cet épisode j’ai signé chez Interscope, cette fois-ci sous mon nom Chris Glover. C’était pour une musique totalement différente mais ça n’a hélas pas été édité et j’ai dû quitté le label, pour travailler à d’autres choses et petit à petit devenir Penguin Prison.
Tof : Ca pourrait ressortir un jour ?
Penguin Prison : Peut-être mais c’est vraiment un son totalement différent … Ca mélange va du rap à la folk … D’ailleurs on y trouve une chanson qui ressemble un peu à "Graceland" de Paul Simon … Et puis à côté de ça il y a une chanson résolument pop …
Tof : Avec ta rencontre avec Q-Tip, j’imagine tu as une petite expérience du monde du hip-hop. Penses-tu que ce milieu va un jour faire une croix sur son homophobie ?
Penguin Prison : Oui enfin ça dépend. Je crois que le phénomène se retrouve moins chez des artistes plus vieux, comme Jay-Z par exemple. On se souvient tous d’Eminem, qui avait eu cette réputation à un moment et qui finalement a ensuite collaboré avec Elton John. C’est encourageant et je pense que ça va finir par se tasser ... mais ça va se faire graduellement et prendre encore beaucoup de temps !
Tof : En tant que producteur, comment penses-tu que la musique va évoluer désormais ?
Penguin Prison : J’ai l’impression que plus on avance dans le temps, moins on a peur de mélanger des genres complètement différents entre eux. Il y a de moins en moins de règles, de moins en moins de pression sur les artistes !
Tof : Pour Mark Ronson, le futur de la musique est en fait un mix entre des anciens éléments et des sons nouveaux …
Penguin Prison : Oui je suis d’accord ! Il y a beaucoup d’équipements musicaux dont la qualité du rendu n’a jamais été dépassée. Certains synthétiseurs des années 80 par exemple n’ont pas d’équivalent actuel. De même, la façon dont la batterie était enregistrée dans les années 70, est pratiquement la meilleure … Si tu utilises une batterie des années 70 et un synthé des années 80, avec des éléments actuels, tu peux obtenir quelque chose de totalement surprenant et moderne.
Tof : J’ai été assez impressionné par la cohérence de cet album alors qu’il réunit des tas de styles différents, du funk à l’électro, en passant pas la transe psychédélique et même le pop-rock … J’imagine que ça a été un cauchemar de garder cette unité …
Penguin Prison : [Sourire] Pas vraiment … Par exemple pour « Desert Cold » j’ai eu une sorte de vision pop rock un peu 60’s et 90’s … mais c’est vrai que j’ai dû la refaire plusieurs fois en y incorporant du synthé, pour la rendre cohérente avec le reste.
Tof : A quoi ressemble Penguin Prison sur scène ? Restitues-tu exactement ce qu’on entend sur l’album ?
Penguin Prison : C’est presque la même chose, mais quand même plus une affaire d’ « êtres humains ». Oui c’est ça on va dire que ce sont des versions plus « humaines ». On essaie juste de faire danser le public et de faire en sorte qu’il s’amuse. Il m’arrive quelquefois de sauter dans la fosse ou de jouer de la guitare sur ma tête. En concert, tout est permis pourvu qu’on s’amuse !
Tof : Parmi ma petite liste d’artistes, avec qui préfèrerais-tu collaborer ? Lady Gaga, Madonna, Kylie ou Debbie Harry ?
Penguin Prison : Je n’aime pas tant que ça la musique de Lady Gaga, mais j’adore sa personnalité, ses costumes, son message et les causes qu’elle défend. Ce serait cool de faire quelque chose avec elle ! Peut-être que ce serait intéressant de faire une chanson totalement différente de ce qu’elle a pu faire jusqu’à présent, un truc que j’aime quoi ! [Sourire] Mais elle est vraiment cool et adorable est c’est sûrement la plus grande pop star actuelle. C’est juste sa musique que je n’aime pas vraiment. Si tu n’écoute que sa musique tu vas penser que c’est finalement quelqu’un de très normal, pas si bizarre que ça et en fait c’est une artiste complètement barrée et c’est ça que j’adore …
Tof : Te sens-tu préparé aux excès que peut entraîner la vie de pop-star ?
Penguin Prison : [Rires] Tu sais je fais de la pop-music et c’est déjà en soi une alternative à tout ce qui pourrait me tomber dessus. Je ne pense pas avoir besoin de m’inquiéter de ce genre de choses. J’essaie juste de faire de la bonne musique qui plaise au public, qu’il vienne à mes concerts et qu’il danse.
Tof : Et bien Chris, tu n’as aucun souci à te faire concernant ce point. Ton electro nu disco sautillante est tout simplement un véritable cocktail d’euphorie. On viendra tous y tremper notre paille dès le 22 octobre (22h) au Bus Palladium de Paris dans le cadre du Festival MAMA ! On a hâte de découvrir les versions ‘’humaines’’ de tes titres anti-morosités !
Découvre la chronique de l'album de Penguin Prison sur CitéGAY [ ICI ]
EN SAVOIR PLUS : http://www.penguinprison.com/
Tof : Bonjour Chris, merci de me recevoir pour qu’on parle ensemble de ta musique survitaminée ! Ton label dit de ta musique qu’est plutôt influencée sixties et seventies. Moi j’y retrouve plutôt des références eighties … Qu’en penses-tu ?
Penguin Prison : Je te rassure tu n’es pas le seul à me le dire! Je pense que l’essentiel de mes influences vient d’artistes comme Michael Jackson, Prince, ou les Talking Heads, qui est effectivement un groupe des années 80. Donc oui je suis ok avec ça … [Sourire]
Tof : Penguin Prison … pourquoi as-tu choisi ce nom plutôt bizarre ?
Penguin Prison : En fait je m’en fichais un peu. Tout ce que je voulais c’est que mon propre nom Chris Glover n’apparaisse pas. J’aimais bien l’idée du nom de groupe ! La vérité c’est que j’adore les noms ridicules choisis au hasard … A l’adolescence avec un ami on s’était amusés à écrire une chanson rap juste pour le fun … Il est venu avec des paroles qui faisaient « He’s a Penguin Vision … He went to the Penguin Prison and he’s in a Penguin Position ». J’ai trouvé ça vraiment amusant, et lorsque plus tard il a fallu me trouver un nom je m’en suis souvenu …
Tof : Dis-moi finalement Penguin Prison est juste un artiste solo ou carrément un groupe ?
Penguin Prison : Hmmm, c’est juste moi mais en fait je travaille avec beaucoup de personnes différentes. Quand j’enregistre c’est toujours avec des amis qui interviennent sur plusieurs chansons. Par exemple je suis fan du groupe Holy Ghost et ils m’ont aidé sur deux titres. Du coup j’ai mis la patte à leur propre album, toujours avec des amis à moi. Sur scène par contre, je ne suis pas seul mais accompagné d’un trio de musiciens.
Tof : Ok ! Dis-moi tu as commencé à chanter très tôt dans une chorale de gospel, puis tu as joué dans un groupe de punk … Tu sembles avoir des goûts très éclectiques alors pourquoi avoir choisi l’electro pop pour ton tout premier album ?
Penguin Prison : J’ai toujours beaucoup aimé ce style de musique. Je trouve l’inspiration chez des amis, comme Holy Ghost qui sont plutôt dance. Pour les futurs albums je ferai forcément quelque chose de différent, mais je veux que l’évolution se fasse de manière graduelle. Je n’aime pas les changements radicaux.
Tof : Le gospel, c’était un choix personnel ou juste pour faire plaisir aux parents ?
Penguin Prison : Je voulais me trouver une école qui me donne vraiment envie d’étudier, qui me rende enthousiaste. Du coup je me suis inscrit à la « Professional Performing Art School » de New-York … Le matin on avait des cours académiques et l’après-midi on pouvait aussi bien se retrouver dans les locaux d’une major, que dans un théâtre ou un cours de danse. Il se trouve que moi j’avais intégré une chorale de gospel, pas pour une question de foi mais parce que j’aime vraiment cette musique très spirituelle, qui fait naître un feeling particulier. Beaucoup de mes chansons préférées parlent de Dieu alors que je n’y crois pas moi-même. Ce n’est pas pour autant qu’on doit s’empêcher de chanter sur ce sujet ! J’ai trouvé cette expérience vraiment enrichissante, grâce notamment à une prof très stricte, très attachée à la discipline.
Tof : C’est d’ailleurs peut-être le gospel qui est à l’origine de révélations telles que Prince ou Michael Jackson …
Penguin Prison : Oui probablement. On me trouve quelque fois plus proche de l’attitude de Prince, surtout lorsque je joue live et que je fais pivoter ma guitare électrique accrochée dans mon dos … [Sourire]
Tof : Tu joues de combien d’instruments ?
Penguin Prison : Basse, guitare, synthé. Des amis m’accompagnent sur l’album mais en fait c’est moi qui joue la majorité des sons qui composent ce disque.
Tof : Tu y parles beaucoup d’argent … Ca veut dire que tu as un problème particulier avec ça ?
Penguin Prison : [Rire] L’argent est un sujet qui touche forcément énormément de gens, spécialement dans la société actuelle. Je trouve que l’économie y tient vraiment une place étrange alors qu’aux Etats-Unis, en Europe, partout on est en pleine crise … Ma chanson « Multi-millionaire » parle de ça, du fait de vivre comme un multi-millionaire alors qu’on n’a plus un sou … C’est facile d’utiliser une Carte Bleue pour acheter toujours plus. Tu n’as pas besoin d’argent pour ça ! Cet état d’esprit est assez répandu à mon avis et je trouve ça bizarre ...
Tof : Ok j’en déduis que tu n’es pas intéressé par l’argent. Donc si quelqu’un télécharge illégalement ton album j’imagine que ça ne te posera pas de problème ?
Penguin Prison : [Sourire gêné] Pffff … Je ne sais pas vraiment quoi faire avec ce problème … J’ai juste l’impression que depuis 10 ans les choses ont évolué naturellement de façon à permettre le téléchargement gratuit. Pour moi c’est directement lié à la crise économique. On n’a tout simplement plus assez d’argent pour se payer de la musique ! En fait je comprends le phénomène : les gens sont littéralement pris à la gorge …
Tof : Certains artistes offrent des chansons, voire des albums complets en téléchargement légal gratuit. Penses-tu que c’est une solution ?
Penguin Prison : Oui tout à fait. Personnellement j’aime partager de la musique gratuitement … Un album peut être téléchargé de cette manière et ensuite s’il plait vraiment le public l’achètera ! C’est tout simplement une manière de supporter un artiste et de lui donner la possibilité d’enregistrer un autre album. Aujourd’hui beaucoup d’artistes concentrent le maximum de leur argent à leurs concerts … C’est devenu plus important que de vendre des disques, et en même temps le public continue à acheter leurs disques.
Tof : Penses-tu que le public gay à quelque chose à voir avec ton succès ?
Penguin Prison : En effet j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de gays et lesbiennes parmi les fans de Penguin Prison … J’en ai remarqué pas mal lors de mes concerts où parmi les fans qui postent sur le web. Je trouve ça cool même si je ne sais pas vraiment expliquer pourquoi … En plus je partage tout à fait leurs préoccupations. Je crois que tout le monde doit avoir les mêmes droits et je suis évidemment pour le mariage entre deux personnes de même sexe.
Tof : Avant cet album tu as réalisé beaucoup de remixes, notamment pour Goldfrapp, Jamiroquaï, Kylie Minogue ou dernièrement Darren Hayes. Comment choisis-tu les artistes avec lesquels tu collabores ?
Penguin Prison : Le premier remix que j’ai fait était pour Marina and the Diamonds. Il a été diffusé un peu partout sur Internet et on peut dire que c’est vraiment lui qui a tout déclenché car c’est à partir de là que j’ai eu plein de demandes … Je n’avais plus qu’à dire oui ou non … En fait lorsque je réalise un remix je n’aime pas écouter la version originale. Je vire la partie musicale et je n’écoute que la voix, puis j’adapte ma propre musique. Une fois que ça c’est fait, là je m’amuse à écouter l’original, juste pour le fun et pour voir de quelle façon il est différent de ce que j’ai créé.
Tof : On dit souvent qu’une bonne ligne de basse est l’ingrédient indispensable à un bon hit… Quelle est ta propre recette magique pour le tube imparable ?
Penguin Prison : Tu me poses une colle ! [Sourire] Je n’en ai aucune idée. Ce qui est important pour moi c’est de respecter tous les sons et de faire en sorte qu’ils se répondent de manière harmonieuse. Quand tu joues de la basse ça entraîne une certaine humeur. Pareil pour la batterie ou n’importe quel instrument. Il faut créer l’osmose !
Tof : Quel est ton modèle par exemple ?
Penguin Prison : Quincy Jones par exemple. Quand tu écoutes sa musique tu peux vraiment ressentir une espèce d’alchimie indescriptible ! Pour moi le tube parfait est peut-être "Billie Jean" ou "Don’t Stop till I get enough" de Michael Jackson
Tof : Est-il vrai qu’avant cet album tu as failli sortir un autre projet qui avait été signé par Q-Tip … ?
Penguin Prison : Oui en fait il cherchait des artistes pour son nouveau label. Je lui ai envoyé mes démos et il m’a contacté mais ça ne s’est finalement pas concrétisé. Après cet épisode j’ai signé chez Interscope, cette fois-ci sous mon nom Chris Glover. C’était pour une musique totalement différente mais ça n’a hélas pas été édité et j’ai dû quitté le label, pour travailler à d’autres choses et petit à petit devenir Penguin Prison.
Tof : Ca pourrait ressortir un jour ?
Penguin Prison : Peut-être mais c’est vraiment un son totalement différent … Ca mélange va du rap à la folk … D’ailleurs on y trouve une chanson qui ressemble un peu à "Graceland" de Paul Simon … Et puis à côté de ça il y a une chanson résolument pop …
Tof : Avec ta rencontre avec Q-Tip, j’imagine tu as une petite expérience du monde du hip-hop. Penses-tu que ce milieu va un jour faire une croix sur son homophobie ?
Penguin Prison : Oui enfin ça dépend. Je crois que le phénomène se retrouve moins chez des artistes plus vieux, comme Jay-Z par exemple. On se souvient tous d’Eminem, qui avait eu cette réputation à un moment et qui finalement a ensuite collaboré avec Elton John. C’est encourageant et je pense que ça va finir par se tasser ... mais ça va se faire graduellement et prendre encore beaucoup de temps !
Tof : En tant que producteur, comment penses-tu que la musique va évoluer désormais ?
Penguin Prison : J’ai l’impression que plus on avance dans le temps, moins on a peur de mélanger des genres complètement différents entre eux. Il y a de moins en moins de règles, de moins en moins de pression sur les artistes !
Tof : Pour Mark Ronson, le futur de la musique est en fait un mix entre des anciens éléments et des sons nouveaux …
Penguin Prison : Oui je suis d’accord ! Il y a beaucoup d’équipements musicaux dont la qualité du rendu n’a jamais été dépassée. Certains synthétiseurs des années 80 par exemple n’ont pas d’équivalent actuel. De même, la façon dont la batterie était enregistrée dans les années 70, est pratiquement la meilleure … Si tu utilises une batterie des années 70 et un synthé des années 80, avec des éléments actuels, tu peux obtenir quelque chose de totalement surprenant et moderne.
Tof : J’ai été assez impressionné par la cohérence de cet album alors qu’il réunit des tas de styles différents, du funk à l’électro, en passant pas la transe psychédélique et même le pop-rock … J’imagine que ça a été un cauchemar de garder cette unité …
Penguin Prison : [Sourire] Pas vraiment … Par exemple pour « Desert Cold » j’ai eu une sorte de vision pop rock un peu 60’s et 90’s … mais c’est vrai que j’ai dû la refaire plusieurs fois en y incorporant du synthé, pour la rendre cohérente avec le reste.
Tof : A quoi ressemble Penguin Prison sur scène ? Restitues-tu exactement ce qu’on entend sur l’album ?
Penguin Prison : C’est presque la même chose, mais quand même plus une affaire d’ « êtres humains ». Oui c’est ça on va dire que ce sont des versions plus « humaines ». On essaie juste de faire danser le public et de faire en sorte qu’il s’amuse. Il m’arrive quelquefois de sauter dans la fosse ou de jouer de la guitare sur ma tête. En concert, tout est permis pourvu qu’on s’amuse !
Tof : Parmi ma petite liste d’artistes, avec qui préfèrerais-tu collaborer ? Lady Gaga, Madonna, Kylie ou Debbie Harry ?
Penguin Prison : Je n’aime pas tant que ça la musique de Lady Gaga, mais j’adore sa personnalité, ses costumes, son message et les causes qu’elle défend. Ce serait cool de faire quelque chose avec elle ! Peut-être que ce serait intéressant de faire une chanson totalement différente de ce qu’elle a pu faire jusqu’à présent, un truc que j’aime quoi ! [Sourire] Mais elle est vraiment cool et adorable est c’est sûrement la plus grande pop star actuelle. C’est juste sa musique que je n’aime pas vraiment. Si tu n’écoute que sa musique tu vas penser que c’est finalement quelqu’un de très normal, pas si bizarre que ça et en fait c’est une artiste complètement barrée et c’est ça que j’adore …
Tof : Te sens-tu préparé aux excès que peut entraîner la vie de pop-star ?
Penguin Prison : [Rires] Tu sais je fais de la pop-music et c’est déjà en soi une alternative à tout ce qui pourrait me tomber dessus. Je ne pense pas avoir besoin de m’inquiéter de ce genre de choses. J’essaie juste de faire de la bonne musique qui plaise au public, qu’il vienne à mes concerts et qu’il danse.
Tof : Et bien Chris, tu n’as aucun souci à te faire concernant ce point. Ton electro nu disco sautillante est tout simplement un véritable cocktail d’euphorie. On viendra tous y tremper notre paille dès le 22 octobre (22h) au Bus Palladium de Paris dans le cadre du Festival MAMA ! On a hâte de découvrir les versions ‘’humaines’’ de tes titres anti-morosités !
Découvre la chronique de l'album de Penguin Prison sur CitéGAY [ ICI ]
EN SAVOIR PLUS : http://www.penguinprison.com/
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Votre commentaire a bien été pris en compte. Il sera modéré avant publication.