Lorsque j'ai lu qu'Amazon Prime projetait d'adapter en série Moi Christiane F., 13 ans droguée prostituée, un de mes films cultes ultimes, j'ai littéralement poussé un cri de terreur.
Mais pourquoi ? Etait-ce vraiment utile de toucher à ces thèmes si sombres et déjà si magnifiquement racontés dans le livre Wir Kinder Vom Bahnhof Zoo, sorti en 1979 puis adapté en film en 1981 ?
Contre toute attente, j'ai quand même jeté un oeil, en abordant l'objet simplement comme une inspiration lointaine, et ne cherchant pas à y retrouver le long métrage que j'avais connu.
Force est de constater que je suis resté scotché...
Moi Christiane F. est une vraie réussite, servie par des acteurs incroyables, qu'on ne peut pas s'empêcher de regarder avec compassion. Si la série est moins sombre que le film, et assume volontiers un côté davantage Teen Movie, elle n'épargne pas pour autant le spectateur des pires détails glauques d'une vie de jeune junkie, prêt à tout pour avoir sa dose.
La magnifique photographie pose ses yeux sur une jeunesse plus que jamais désenchantée et établit probablement un parallèle entre la plupart des jeunesses désoeuvrées de chaque décennie, celles qui cherchent avant tout à être aimées.
Visuellement souvent proche du clip vidéo, la série offre aussi de grands moments romantiques et oniriques, teintées de surréalisme. Je pense par exemple à cette scène où les protagonistes semblent s'envoler en apesanteur en pleine discothèque.
On pense bien entendu à Trainspotting et A Requiem for a Dream pour les références, mais également à la récente pépite It's a sin (série sur les débuts du SIDA en Angleterre, diffusée sur Canal +), qui décrit elle aussi une galerie de jeunes destins brisés.
La Bande Son de son côté est un vrai régal, avec un lot important de morceaux de David Bowie, qui s'il avait fait une apparition dans le film original, n'avait jamais de son vivant autorisé qu'on utilise son oeuvre comme musique de film.
Le son est par ailleurs un vrai prétexte à moderniser cette histoire et à faire prendre conscience que son thème central, les ravages de la drogue, reste malheureusement universel et actuel.
Ainsi certains se plaindront de l'aspect anachronique, trop moderne pour l'époque, du son diffusé à la discothèque où se retrouve cette bande de jeunes, mais à bien tendre l'oreille on s'aperçoit que c'est un type de techno qui évoque très bien la techno berlinoise de ces années-là, et qui fonctionne finalement très bien à n'importe quelle période. On a aussi un mélange d'anciens titres, de chansons qui sonnent comme de l'ancien (Cigarettes after Sex sonnent comme Nico) , des tubes modernes, et des reprises de hits très actuels (la version de Chandelier par Damien Rice est tellement meilleure et émouvante que l'originale).
Bref, alors que je criais au sacrilège, je trouve maintenant que cette série est une relecture intelligente, qui dépoussière totalement l'original, dotée d'une Bande Originale de folie et de personnages incroyablement attachants.
A voir de toute urgence sur Prime Vidéo !
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